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Pyla sur mer, propriété “protégée” par la famille Gaume

Héritier au trône familial et PDG du groupe immobilier de prestige du même nom, Louis Gaume perpétue la tradition initiée par son grand-père. Entretien avec un dirigeant toujours occupé mais jamais débordé, quand il s’agit de nous parler du Bassin !

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Vous dirigez le groupe immobilier historique Gaume, décrivez-nous votre grand-père qui a créé la société et quel était son rêve en arrivant ici ?

Mon grand-père était entrepreneur d’exception et un visionnaire pour le Bassin ! Originaire de l’Allier et compagnon du Devoir, mon grand-père arrive à Arcachon en 1911. En s’associant avec Daniel Meller, qui acheta les terrains du Pyla pour fonder une station balnéaire. À son retour de guerre, il fonde en 1920, une entreprise générale du bâtiment. En 1930, mon grand-père réalise son rêve en construisant tous les hôtels en 2 ans (5 ou 6 en tout) pour accueillir les touristes. De 1930 à 1933, c’est l’âge d’or du Pyla ! Petit à petit, il réussit à acquérir bon nombre de terrains tout en attirant des investisseurs pour ses hôtels.

Racontez-nous une anecdote de cette période ?

Pour lancer la station et faire venir les vacanciers, Daniel Meller a décidé de remplacer le “i” de Pilat par un “y” : Pyla, le “y” faisant plus chic. Du marketing de l’époque !

Expliquez-nous le concept et les valeurs de l’entreprise ?

Continuer et poursuivre l’idée et la vision de mon grand-père. Garder à l’esprit que la première chose qu’il a faite est un hôtel et des lotissements avec une unité architecturale et avec des règles strictes, comme de garder au moins 10 pins par terrain. Continuer aussi en maîtrisant l’urbanisme : terrains, construction. Nous nous occupons de tout de A à Z. Nous avons évité l’arrivé des pavillonneurs au Pyla en cultivant le goût des belles maisons tout en respectant le lieu. Les maisons sont de la même qualité, seules les dimensions varient en fonction du budget ! Tout cela dans le respect de l’environnement local avec une unité dans toutes nos constructions.

Quand avez-vous repris l’entreprise ?

En 1998, quand je suis revenu de l’étranger.

Votre parcours personnel ?

J’aime le challenge ! Avant de reprendre la société de mon grand-père, je travaillais pour une très grande entreprise en tant qu’ingénieur en bâtiment mais expatrié à l’étranger. J’ai donc beaucoup voyagé (Égypte, Jordanie, Ouzbékistan…) avant de reposer définitivement mes valises sur le Bassin.

Petite parenthèse sur vous, quelle est votre citation préférée ?

Une prose d’Abraham Lincoln datant de 1860 “Vous ne pouvez pas créer la prospérité en décourageant l’épargne. Vous ne pouvez pas donner la force au faible en affaiblissant le fort. Vous ne pouvez pas aider le salarié en anéantissant l’employeur. Vous ne pouvez pas encourager la fraternité humaine en encourageant la lutte des classes. Vous ne pouvez pas aider le pauvre en ruinant le riche. Vous ne pouvez pas éviter les ennuis en dépensant plus que vous gagnez. Vous ne pouvez pas forcer le caractère et le courage en décourageant l’initiative et l’indépendance. Vous ne pouvez pas aider les hommes continuellement en faisant à leur place ce qu’ils devraient faire eux-mêmes”.

Décrivez-nous une journée type de travail ?

J’alterne entre réunions avec mes collaborateurs, les visites chantiers, et réunions à l’extérieur. Je m’occupe aussi des rendez-vous clients et des visites.

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Expliquez-nous quelles ont été les grandes difficultés de la société ?

Toutes les crises immobilières y compris les guerres ! D’ailleurs, nous avons eu un ouvrier déporté qui n’est jamais revenu. Par rapport à la vision Gaume, cela n’a pas été toujours facile de garder les hôtels qui perdaient de l’argent. Alors qu’en période de crise il aurait été facile de construire un immeuble ou des blocs d’appartements qui auraient été beaucoup plus rentables pour l’entreprise.

L’évolution salariale de l’entreprise ?

À l’époque de mon grand-père, il y avait 200 personnes et une usine de fabrication juste à côté de nos locaux. À mon retour dans l’entreprise en 1998, nous étions 80. La crise étant passée par là, nous sommes aujourd’hui une vingtaine de salariés et évoluons avec différents prestataires attitrés en fonction de nos chantiers.

L’entreprise va bientôt avoir 100 ans, combien de villas avez-vous construite ?

On nous accorde généralement bien plus que la réalité… Pour être franc, l’entreprise a construit environ 1500 villas. Pas plus ! Ce qui fait déjà une moyenne de 15 maisons par an.

En 2014, vous avez travaillé sur combien de chantiers ?

Avec la crise du secteur immobilier 2013-2014, nous avons eu deux années très difficiles. Donc très peu de chantiers neufs, mais beaucoup de petites et de grosses rénovations. Nous avons tout de même travaillé à l’agrandissement de La Co(o)rniche avec Philippe Starck.

Quel est votre plus gros chantier en cours, en ce moment ?

La Brasserie d’Haïtza qui ouvrira cette année. L’Hôtel d’Haïtza est prévu pour 2016.

Vous possédez toujours la Co(o)rniche et L’Haïtza ?

Nous sommes propriétaires de La Co(o)rniche, mais nous avons vendu L’Haïtza à William Téchoueyres. La seule condition étant de continuer l’exploitation des murs en hôtel, comme il le fait actuellement avec la Co(o)rniche. Il a toute ma confiance et il me tarde de voir ce qu’il prépare avec Starck. Je suis sûr qu’il en fera un superbe endroit et un hôtel exceptionnel !

Ce que vous aimez le plus dans votre métier ?

Incontestablement : les gens ! On réalise pour eux leur rêve de la maison de famille. Concevoir, construire et laisser une trace ! J’ai beaucoup de clients qui sont les petits enfants de clients de mon grand-père.

Vous avez plusieurs rues et place érigée à votre nom ? Est-ce que vous connaissez vraiment tout le monde sur le Bassin ?

Je connais du monde, mais sans plus. Je suis quelqu’un de très discret !

Votre vision de l’écologie par rapport au bassin et à vos constructions ?

La préservation de notre patrimoine local, en gardant par exemple des arbres sur les terrains où l’on construit. Exactement comme l’imposait à l’époque très fermement mon grand-père en replantant dès qu’on peut. Ça aussi, c’est important ! Nous sommes soucieux de conserver le charme naturel de notre station.

Quand on va au Pyla on voit vos panneaux de construction partout, est-ce que tous les terrains sont à vous ?

Non, en tout il nous reste une dizaine de terrains qui appartiennent encore à la société. Par contre, nous réalisons beaucoup de petits et gros chantiers de rénovation d’où la présence de nos panneaux.

La retraite et la succession vous y pensez déjà ou pas du tout ?

J’y pense mais cela se prépare et ça prend du temps.

Pour finir, ce que vous aimez le plus sur le Bassin ?

Les vagues très spéciales que l’on ne trouve nulle part ailleurs (le clapot) et bien sûr la Dune car je suis né ici et parce que j’ai grandi aux pieds de la Corniche.